Analyse formelle: Le déjeuner sur l'herbe (1863) d'Édouard Manet

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Le déjeuner sur l'herbe (1863) d’Édouard Manet, aujourd’hui reconnue comme une œuvre phare de la modernité artistique, fut la cible des critiques les plus sévères et des moqueries du public. D’abord connue sous le titre Le bain, l’œuvre de Manet se voit refusée l’accès au Salon officiel et sera confinée au Salon des refusés où elle fut exposée pour la première fois l’année de sa création. Malgré l’influence incontestée des grands maîtres ayant guidé l’artiste, on accuse ce dernier de faire fit des règles académiques. Cette liberté s’exprime tant au niveau de la technique que du thème et est perçue comme une preuve de mauvais goût, voire de vulgarité. À mi-chemin entre la tradition et la modernité, participant à la fois à l’un et à l’autre, Le Déjeuner sur l’herbe est exemplaire du changement de paradigme artistique se jouant dans la seconde moitié du 19ème siècle.

Bien que Le Déjeuner sur l’herbe soit conventionnellement reconnu comme un paysage, l’œuvre appartient davantage à la scène de genre. Elle illustre un pique-nique auquel participent les personnages représentés au centre de la . Le titre de l’œuvre est justifié notamment par les victuailles présentes dans le coin inférieur gauche et la position décontractée des convives illustrés au premier plan ainsi que par le décor champêtre dans lequel prend place la scène. Le groupe est constitué de deux hommes habillés selon la mode de l’époque encadrant une femme nue dont le regard défi le regardeur. Un quatrième personnage – une femme mise à distance du groupe principal peinte au deuxième et recroquevillée près d’un plan d’eau – est également présente dans le haut de l’image. La position de ce quatrième personnage assure un certain à l’ensemble en refermant la pyramide dans laquelle l’artiste inscrit ces personnages. Ce type de composition est en continuité avec la tradition artistique et peut être relevée dans un nombre important d’œuvres plus anciennes, notamment dans Le jugement de Pâris (c.1515) de Raimondi d’après une œuvre de Raphaël dont s’est inspiré Manet. Ce respect de la tradition est également notable au niveau de l’effet de simulé par le situé au dessus du sommet de la pyramide formée par les personnages et un employé dans la représentation de la barque posée près de l’eau au deuxième plan. Toutefois, en positionnant la deuxième femme au sommet de cette pyramide, Manet concourt au de l’œuvre. Il pervertit ainsi l’effet de profondeur en entrainant un qui souligne la du support pictural et fait osciller sa création du côté de la modernité.

Cette même ambigüité entre tradition et modernité peut être notée au niveau de la technique de Manet : alors que le dessin demeure très présent dans certaines partie de l’œuvre, notamment pour la représentation des personnages et de la nature morte au premier plan, d’autres parties de l’œuvre, par exemple l’herbe, l’eau et les arbres, semblent davantage esquissées et présentent une touche plus présente. De plus, une comparaison entre Le Déjeuner sur l’herbe et Le concert pastoral (c. 1510), une des sources d’inspiration de Manet, permet de souligner dans l’œuvre qui nous intéresse ici, le contour des formes et des personnages est plus prononcé que ce qui était jugé souhaitable selon les règles classiques : il s’affirme ici en un large qui détache les figures du fond plutôt que de les inscrire dans un tout.

*Le texte présenté ici est une composition de Gabrièle Gosselin-Turcotte. 2012.